Archive de juin 2011
Deux visites cette semaine à l’Elysée. Beaucoup d’informations quelques impressions :
- Tour de France : pour le Président, la campagne présidentielle ressemble au grand tour : « nous sommes actuellement dans les étapes de plaine, avec le vent de face. Restons sereinement dans le groupe, les agitations épuisent les agités. Préparons les Alpes, puis les Pyrénées et, enfin, il nous faudra gagner le contre la montre… ».
- Programmation. Le Président avait programmé un emploi du temps chargé pour faire face à l’actualité des primaires socialistes : conférence de presse économique, voyage affectif dans la Sarthe, remaniement… Deux autres événements majeurs ont occupé fortement l’espace médiatique : l’anticipation de la décision du FMI et la merveilleuse libération des otages de France Télévision… Pour le Pouvoir, l’actualité n’est pas toujours malveillante !
- Christine Lagarde. Grand bonheur, belle fierté. Christine a gagné cette élection grâce à ses qualités propres. Ses premiers soutiens sont venus de l’étranger. Le Président ne se vante pas, à l’excès, de cette nomination, qui honore, à nouveau, la France. Il sait rester modeste… La compétence, l’élégance, les performances de Chritine Lagarde manqueront sans doute à notre campagne présidentielle. Celui qui lui a confié sa première mission d’Etat éprouve une joie profonde.
- Humour. Le Président a tenu à remercier chaleureusement tous les parlementaires qu’il n’a pas nommés dans l’un des gouvernements et qui ne lui en veulent pas : « Il y a tellement de ministres que j’ai nommés et qui, aujourd’hui, m’en veulent que j’apprécie votre amitié désintéressée ». Il est vrai qu’il y a des nominations qu’on est obligé de regretter, durablement.
- Désordre territorial : il y a un dossier sur lequel le Gouvernement n’a pas la main heureuse, c’est celui de la réforme territoriale. Le Conseil constitutionnel vient de retoquer pour la deuxième fois ce texte parce que la loi que j’avais fait voter selon laquelle tout texte concernant les collectivités locales doit être soumis en priorité au Sénat n’a pas été respectée par l’exécutif. Dans le même temps, le gouvernement vient d’engager dans la précipitation la reforme de la carte des nouvelles communautés de communes qui va rentrer en collision avec la carte des nouveaux cantons. Pourtant la cohérence entre ces deux projets s’impose à tous les élus de bon sens. Nos territoires sont tourmentés par une reforme dont on cherche le poste de pilotage national.
- Martine Aubry : « occupons-nous des problèmes des Francais et laissons les Socialistes s’occuper des problèmes de leur parti ». Le Président garde un excellent souvenir de sa rencontre avec Madame Royal en Charente. Elle ne lui est pas apparue en progrès, par rapport à leur rencontre précédente.
- Nicolas Sarkozy : Le Président est dans une forme éblouissante. « Une force qui va et qui sait ou elle va ». Sa forme intellectuelle semble inversement proportionnelle à sa « disponibilité participative ». Il argumente clairement, il convainc massivement, il séduit fortement, mais… il partage modérément. Après une réunion, les participants sont admiratifs. Sa force éducative présentielle est très performante, plus que son enseignement à distance (comme on dit au CNED de Poitiers). La campagne ne lui sera pas défavorable.
- Remaniement : L’entrée de mon ami Marc Laffineur au gouvernement est un vrai bonheur. C’est un parlementaire chevronné, un Pélerin de l’Humanisme, un connaisseur de « la France d’en bas ». Le Président a rééquilibré son gouvernement avec des représentants des sensibilités plus centrales sur le spectre politique. C’est le bon sens, la bonne direction. Un mot de sympathie pour Bruno Lemaire dont le talent et l’éthique légitimaient aussi une promotion.
- Jean-Louis Borloo : Ma position à son propos gagne du terrain. Il n’est pas bon d’attaquer une personnalité, un Ministre qui a travaillé loyalement avec nous, 9 ans durant. Laissons « l’Alliance Centriste » formuler ses propositions, elles seront sans doute, utiles, d’une manière ou d’une autre, en fin de course. Le paramètre déterminant, à la fin de l’année, sera la capacité de Marine Le Pen à assumer un nouveau statut, celui de la proposition réaliste et non plus celui de la protestation populiste. Je n’y crois guère. Pour personne la nervosité n’est pas bonne conseillère.
- Alain Juppé : Plus il est heureux, plus il est talentueux. Sa renaissance lui confère une place majeure à la table de la République. Tous y gagnent.
jpr
|
Le Championnat de France est au cyclisme ce que la présidentielle est à la politique. Ce dimanche, en Poitou-Charentes, nous avions deux champions en course, l’un pour la primaire du tour de France, l’autre pour la primaire du parti socialiste ! Sylvain Chavanel (Chatellerault) a gagné, Ségolène Royal (Melle) a échoué. Dans le train du retour, les journalistes qui étaient venus assister au tour de piste de Ségolène Royal développaient la même analyse : « Ségolène a échoué dans son intention de parasiter l’annonce prochaine de la candidature de Martine Aubry ». Le spectacle du marais poitevin est quelque peu usé, pour qui suit Mme Royal depuis quelque temps déjà.
Le mimosa (réservé aux spécialistes) résiste mieux à la chaleur que la rose du marais.
Bravo à Sylvain pour son courage, son talent et sa générosité.
Bon courage à Ségolène, la présidentielle est une grande course tout de même et, comme on dit dans le marais, l’essentiel est que la barque ne prenne pas l’eau.
jpr
|
Le monde n’est plus divisé en Pays développés et en Pays en voie de développement, en Pays du nord et en pays du sud, il y a du sud dans le nord et du nord dans le sud. Le fait nouveau, c’est ce que les BRICS appellent « l’émergence ». Ce mode de développement qui conjugue simultanément performance et difficulté compte sur un haut niveau de croissance pour régler les problèmes. En Afrique c’est la stratégie d’un grand, l’Afrique du Sud, c’est aussi celle d’un petit, le Gabon.
Avec un peu plus d’un million d’habitants le Gabon réalisera plus de 5% de croissance en 2011.
Le Gabon a bien compris cette leçon du Général de Gaulle » : une nation pour exister doit s’assurer de deux choses. D’abord se situer au plan international, ensuite se doter d’une administration publique ». Avec la stratégie du » Gabon émergent », les autorités gabonaises « visent à intégrer le groupe des Pays dynamiques, ce à quoi va contribuer son accession à la Présidence du Conseil de Sécurité de l’ONU, et le leadership qui en découle.
Cette approche sur le plan international se double d’une forte mobilisation intérieure pour réformer l’administration publique, avec le concours des experts d’HEC. Dans ce contexte, le Gabon m’avait invité à participer cette année à la journée africaine de l’administration, preuve que partout en Afrique se développe la conscience que l’émergence passe aussi par la performance des administrations publiques.
Lire le reste de cet article »
|
J’ai été témoin de la relation Chirac-Sarkozy, avant la présidentielle de 2007. Ce qui est écrit dans le tome 2 des mémoires de Jacques Chirac à l’endroit de Nicolas Sarkozy me paraît conforme à ce que j’ai vécu. Les quelques réserves – mêlées à quelques compliments – exprimées par le Président Chirac s’adressent à son Ministre et non à son successeur.
Il est clair que les deux hommes ont des natures et des cultures bien différentes.
Quand Jacques Chirac privilégie le principe d’humanité, Nicolas Sarkozy choisit d’abord le principe d’efficacité. Le premier est devenu penseur du temps long quand l’autre s’engage comme acteur du temps court… Je pourrais continuer dans les différences.
J’ai aussi noté de multiples convergences chez ces deux leaders qui ont construit leur parcours à partir des mêmes sources partisanes. L’engagement de la France aux côtés des pays émergents restera une caractéristique, par exemple, des deux Présidences.
Malgré tout cela, on aurait tort de réduire le dernier livre de Jacques Chirac à des commentaires d’actualité, il s’agit avant tout d’un livre de géopolitique, qui propose une vision très humaniste de la planète. Le monde a changé, les relations internationales ne sont plus verticales, hiérarchiques, elles son devenues horizontales, fondées sur la réciprocité du respect.
Les échanges de Jacques Chirac avec les Grands de ce monde sont convaincants quant à la pertinence et la constance de ses engagements en politique étrangère.
« Le temps présidentiel » nous montre aussi une pratique très humaine du pouvoir. Au cours de son parcours politique, Jacques Chirac s’est progressivement ouvert à toutes les composantes de la société. Du Premier Ministre fonceur au Président rassembleur, on mesure les métamorphoses. Jacques Chirac a fini par ressembler à la France, un Pays où « en une fraction de seconde » on peut se « se prendre au col » comme se tomber dans les bras ». Le cristal français mérite précaution. « La France aux mille visages » aspire autant à la diversité qu’à l’unité. La République reste notre ciment et, pour elle, il faut combattre « l’illusion des nouvelles lignes Maginot ».
Le livre se termine par un beau texte, »un testament politique » adressé à ces jeunes générations dont Tocqueville disait « qu’elles constituaient un Peuple nouveau ». Pour Chirac, c’est le rêve français qui doit sans cesse être renouvelé.
Y a-t-il des héritiers pour ce message ? Peut-être pas au sein de la « Chiraquie », parce que les familles sont trop nombreuses pour que l’une d’entre elles affiche un droit de propriété. Entre les Pompidophiles, les Giscardophobes, les Chirkozistes, les Agrisalonistes… et tous les Républicains conviviaux, il n’y a que Chirac pour rassembler les Chiraquiens.
Cependant ce livre est plus qu’un »voyage de mémoire », il trouvera ses compagnons d’avenir.
jpr
|
- HABILETE : Bravo Ségolène. La Présidente de Région a réussi un nouveau tour de passe-passe à la barbe du Président. Poitou-Charentes, région atlantique, reçoit beaucoup de pluies de novembre à avril et connaît souvent des périodes de grande sécheresse le reste de l’année. La bonne réponse était donc de construire des retenues des eaux hivernales (barrages et retenues colinéaires) pour pouvoir arroser à la saison sèche. Ségolène Royal en stoppant cette politique, développée dans tous les pays victimes de sécheresse, a contribué à l’affaiblissement de l’agriculture régionale en général et de l’élevage en particulier. Le débat a été escamoté, devant le face-à-face électoral… qui ne nuisait ni à l’un ni à l’autre.
- SAGESSE : Le Senat a voté le texte sur la bioéthique, en revenant sur ses votes de la première lecture. Il s’agit du traditionnel débat sur les limites morales que le Droit doit fixer à la Science. Le chercheur est un être moral, mais la science n’est pas, en elle même, morale. C’est pourquoi, sur les sujets de vie ou de mort, je préfère des interdictions avec dérogation plutôt que des autorisations avec conditions. Le débat a été de qualité. La conscience de chacun était en cause, puisque nous débattions de la source de la Vie.
- TEMPS : « Le temps présidentiel », le deuxième tome des mémoires de Jacques Chirac ne peut être réduit aux relations entre le Prédécesseur et le Successeur. En revanche ce livre est un superbe traité sur la conduite de la France, sur cette relation singulière entre le peuple français et son chef, sur le service de la France au cœur du Monde, sur une pratique française du Leadership. Une question est lancinante tout au long du livre, aimer la France ou la rêver ? Avec Jacques Chirac, on prend la mesure du temps en politique, à la manière asiatique, il mêle le temps long de l’anthropologie au temps immédiat de la politique. Au pouvoir Jacques Chirac a changé, il a fini par ressembler à la France.
jpr
|
Déjeuner aujourd’hui avec Jacques Chirac au restaurant « Au Père Claude ».
Claude Chirac et Dominique Bussereau participaient à cette rencontre conviviale et affectueuse. Au menu la sortie, la semaine prochaine, du deuxième tome de ses Mémoires, avec les bonnes feuilles dans un hebdomadaire dès cette semaine.
Au programme de nos discussions : la Chine, la Francophonie, l’Algérie et les grandes questions nationales… Le Président est en forme, l’humour à vif, la fourchette solide, les commentaires lucides…
Au hasard des tables, le Président a pu saluer un autre des ses anciens PM, Lionel Jospin, un socialiste, Pierre Moscovici, un giscardien, Patrice Duhamel et… un Sarkoziste, Pierre Charon, plus quelques autres…
Belle image de rassemblement, certes furtif, mais respectueux…
jpr
|
De retour d’Algérie, je découvre les propos de Luc Ferry. J’ignore totalement à quels éventuels événements il fait référence.
En ce qui me concerne, je n’ai jamais été saisi, de près ou de loin, d’informations de cette nature.
jpr
|
Je rentre d’Alger en ayant le sentiment du travail accompli. En effet, l’été dernier, le Président Nicolas Sarkozy m’avait confié la mission de débloquer une douzaine de dossiers économiques majeurs, identifiés par les deux gouvernements. L’objectif était, au-delà de ces dossiers, de participer à l’émergence d’un nouveau climat partenarial entre nos deux Pays.
Sur les 12 projets, 9 ont été finalisés et les 3 derniers nécessitant plus de temps en raison de leur complexité industrielle sont cependant en bonne voie.
Au cours de cette mission le moment le plus émouvant a été, sans doute, le voyage d’essai que nous avons effectué, pour la première fois, dans le magnifique METRO d’Alger. L’objectif est la mise en service au 31 octobre prochain. C’est un projet pour lequel les Algérois sont légitiment impatients.
Après Sanofi, Cristal Union, La Macif, Alstom, la filière laitière… nous avons assisté à la signature des projets de Saint-Gobain et d’Axa… D’autres projets viennent compléter la liste : Danone, Bel, France Telecom, La Banque postale, Bull, Alcatel (cette dernière entreprise a réussi à me surprendre en présentant son projet… en anglais!), Suez environnement…
Ces résultats positifs ont créé un climat particulièrement favorable à la réussite du grand forum de PME, organisé par Ubi France-Futurallia. 600 entreprises algériennes et françaises ont ainsi participé à plus de 4500 rendez vous sélectionnés. Un record ! Le soutien et l’active participation de Pierre Lellouche, notre Ministre du commerce extérieur, ne sont pas étrangers à ce succès.
« Un climat d’apaisement et de pragmatisme » s’est ainsi affirmé. Ceci ouvre peut-être une nouvelle étape des relations économiques entre la France et l’Algerie. Signe de ce ton nouveau, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, s’est rendu, à mon invitation, à « la Résidence des oliviers », la résidence de France, pour un déjeuner de travail, accompagné de 5 de ses Ministres. Une première depuis 1962. Sur plusieurs dossiers, j’ai été le témoin de la bonne volonté des Algériens, il reste cependant beaucoup à faire de part et d’ autre pour rendre notre coopération plus fluide. La confiance dans cette dynamique nouvelle exprimée par les patrons de PME est aussi un facteur encourageant.
Pour ce travail, je remercie particulièrement mon Ami Mohamed Benmeradi dont je salue la détermination et la gentillesse et les différentes autorités algériennes qui sont intervenues.
Côté français ma gratitude va notamment aux Ambassadeurs Xavier Driencourt et Serge Degallaix et au Chef du service économique Marc Bouteiller et les différentes équipes opérationnelles.
jpr
|
|
 |
|
La fondation