Bien sûr il y a deux bonnes nouvelles : l’étape franchie à Minsk 2 et la vente de Rafales à l’Egypte. Pour l’Ukraine, l’accord de cessez-le-feu n’est certainement pas l’étape finale mais au moins le format « Normandie » apparaît-il pertinent et on peut, à nouveau, espérer des progrès dans cette négociation qu’il ne faut pas considérer comme achevée. Les Rafales reçoivent enfin la reconnaissance commerciale, c’est juste. Sur ces deux événements, l’exécutif a su échapper à ses maladresses habituelles. Malgré cela, je reste préoccupé par la gravité de la situation.
I. Une double gravité
- un recul de civilisation
Dans le match de la violence contre la civilisation, la sauvagerie est de retour, enfants violés, femmes enlevées, artistes, journalistes assassinés, fanatismes exacerbés… L’ennemi est aussi chez nous : des centaines de Djihâdistes et deux millions de désœuvrés !
Nos soldats sont engagés, vaillamment, mais avec des moyens incertains et des stratégies parfois très complexes (Syrie).
- l’abandon de la priorité populaire : l’emploi.
PME, Artisanat, Logement, Bâtiment, Agriculture, PMI, Notaires… L’économie de proximité s’effondre, partout. En réalité la société fait le choix de privilégier ceux qui ont un travail par rapport aux chômeurs. Les Syndicats défendent les salariés… Et sont ainsi complices des barrières à l’emploi que constituent les charges, les normes et les procédures. A force de surprotéger l’apprenti on a tué l’apprentissage ! Pense-t-on aussi à la « pénibilité » de la situation de celui qui recherche un emploi ? Dans ce contexte, la loi Macron apparaît comme une provocation, elle bavarde à la périphérie du sujet et fait silence sur l’essentiel : les seuils, la défiscalisation des heures supplémentaires, l’assiette des charges sociales, le soutien des banques…
II. Une double éthique
Dans ce contexte que doit faire l’opposition ?
- Une éthique de sagesse
Devant la gravité de la situation, la sagesse nous impose de rester à l’intérieur de l’unité nationale en ce qui concerne « le régalien ». Pour la Défense, par exemple, il vaut mieux aider le gouvernement à trouver les trois milliards manquants plutôt qu’attendre la crise dans l’Armée. En revanche, sur l’emploi, nous devons dire notre colère sur l’actuelle indifférence gouvernementale.
Sur le plan politique, la sagesse nous conduit à choisir l’union à l’intérieur de l’UMP et donc à éviter la possible cassure entre les deux lignes qui coexistent toujours dans notre Parti depuis sa création. Le respect des uns et des autres et l’esprit de tolérance doivent s’imposer sinon nous reviendrons à la bipolarisation de la droite républicaine (UDF-RPR) avec l’énorme risque de nous trouver en 2017 dans la situation de Monsieur Jospin en 2002 : la non participation au second tour.
- Une éthique de Projet
Le reproche d’impuissance et les insuffisances des bilans de la Droite au pouvoir nous amènent à être particulièrement rigoureux sur la crédibilité de la mise en œuvre de nos propositions. Nous sommes arrivés au bout d’un cycle : mieux vaut perdre que de ne pas appliquer notre programme. Et cette application vigoureuse de notre projet doit être très rapide. L’essentiel doit être réalisé dans la première année. Pour cela tout l’arsenal de l’efficacité devra être utilisé, 49-3, référendum, ordonnances, décrets d’urgence… La période d’opposition doit être mise à profit pour arbitrer entre les propositions et surtout finaliser leur mise en œuvre en quelques mois.
En conclusion, je crois profondément que notre combat contre le Front national se gagnera sur la crédibilité retrouvée de notre projet dans cette période de gravité qui exclut l’aventure. Là est maintenant l’essentiel de notre travail.
Notre combat contre la gauche sera gagné à cause des insuffisances d’un pouvoir qui, malgré sa communication, est silencieux sur l’essentiel, l’emploi et la dignité qui apparaît lui être attachée.
jpr
La fondation