La Chine sort de sa préférence pour la discrétion en se décidant à assumer un certain leadership.
Cette lecture apparaît clairement avec la dimension internationale donnée cet automne au XIXe congrès du Parti Communiste Chinois et aux événements internationaux récemment organisés à Pékin tel que le « Dialogue de Haut Niveau » mené avec 200 partis politiques du monde entier ».
Très longtemps la Chine a développé une politique du « profil bas ». Il y aura 40 ans l’année prochaine, Deng Xiaping fixait les lignes d’avenir de l’émergence pacifique chinoise. « La réforme et l’ouverture » furent les deux priorités qui ont permis à la Chine de revenir aux premiers rangs des nations du Monde. Pendant cette période, la Chine a d’abord choisi une attitude d’humilité et de discrétion, recherchant les échanges « pour apprendre » auprès de ses partenaires.
Puis, la pensée paradoxale du ying et du yang aidant, elle tempérait ses succès par des déclarations prudentes, affichant la croissance de son PIB quand elle se voulait forte, présentant son PIB par habitant quand elle collait au peloton des émergents.
Mais depuis 5 ans, les succès, les résultats, la puissance et les initiatives que les autres perçoivent parfois comme des menaces, ne peuvent plus être discrets.
La Chine est devenue lisible et visible.
La stratégie du « mine de rien » arrive à épuisement. Il faut donc maintenant assumer. Alors la Chine organise le G20 a Hangzhou, poursuit sa carrière olympique, soutient financièrement l’ONU, participe à des opérations de maintien de la Paix, construit avec les BRICS des réseaux de solidarité, plaide la diversité à l’UNESCO, sort de son habituelle réserve quand elle décide de parler simultanément à l’IRAN et à L’ARABIE SAOUDITE, elle va même jusqu’à élever le ton vis à vis des prétentions et des provocations de la Corée du Nord….
Tous ses exemples montrent le retour de la Chine au premier plan de la politique mondiale. Dans ce contexte, continuer à jouer les second rôles n’est plus de mise. Quand le monde dépend de votre croissance, quand la chasse à vos investissements est engagée, quand vos entreprises deviennent des leaders mondiaux, quand vous prenez une place majeure en matière d’innovation, le silence n’est plus un discours.
Il vous faut assumer, c’est à dire parler.
Le sommet que vient d’organiser le Parti Communiste Chinois (PCC) à Pékin, avec 200 partis politiques et Think tanks est révélateur de cette volonté qu’a la Chine d’assumer aujourd’hui ce qu’elle est devenue, mais aussi de prendre ses responsabilités, quant à son leadership et à la nature de son identité.
Quatre axes prioritaires me semblent avoir été retenus pour structurer ce leadership :
- La Vision: la Communauté de destin
La Chine propose au monde, un horizon. En développant le thème de la communauté de destin de l’humanité, la Chine s’affirme pacifique et choisit le multilatéralisme pour promouvoir la Paix. La Paix est la condition préalable à une saine coopération internationale. Le Président Xi insiste sur la nécessaire solidarité planétaire: « Le Monde est notre famille, la terre notre foyer ». Les accords de Paris sont en bonne place dans cette stratégie. Le lien structurant entre Paix et Développement est répété.
- Le Projet : les nouvelles routes de la soie
Il s’agit d’un projet pour le siècle. Projet chinois pour la Chine, pour l’Asie c’est aussi un projet pour l’émergence du continent Euroasiatique. Au total ce projet se veut « offert » au Monde. Au sommet des partis politiques de Pékin, l’Amérique latine et l’Afrique se sont montrées activement candidates à l’aventure. Les outils sont prêts, Banque Asiatique pour les Infrastructures et les Investissements (BAII), Silk Road Fund (SRF) avec ses 55 milliards de $ à investir. La Chine met les moyens pour que des projets concrets structurent l’ambition collective de coopération internationale.
- L’idéologie : le retour du socialisme
Toute cette mobilisation internationale ne peut se développer sans être portée par une identité politique. La Chine annonce qu’elle ne souhaite « ni importer ni exporter de modèle politique », elle tient alors à bien définir son modèle « le socialisme à caractéristiques chinoises ». La référence au Marxisme -Léninisme est claire et le leadership du Parti communiste en est la caractéristique essentielle. Ce retour à l’idéologie sonne bien à l’oreille de nombreux militants politiques d’Amérique du Sud mais aussi d’Afrique. La Chine entend affirmer aussi son leadership en matière de pensée politique par exemple en organisant en 2018 deux grandes conférences internationales, l’une sur la Philosophie et l’autre sur le marxisme. Ceux qui voyaient la Chine évoluer à l’occidental ont, à ce jour, perdu leur pari.
- La diplomatie : l’offensive pédagogique
La communication sur le nouveau leadership chinois s’accompagne d’une action diplomatique de grande ampleur. Toutes les institutions internationales chinoises participent à un travail d’explication sur les résultats du XIXe congrès. La diffusion du second tome du livre de Xi Jinping participe à ce travail pédagogique que les Chinois jugent indispensable. Ce travail d’explication, noir sur blanc, est une initiative rare parmi les chefs d’état. Le PCC accueillera 15 000 stagiaires pour qu’ils voient concrètement la mise en place des décisions du congrès. La Chine propose mais elle veut être comprise, elle souhaite que sa sincérité soit reconnue. Elle veut démontrer que ces efforts sont utiles pour tous. Elle est toujours attentive à son image et ne souhaite pas que ses initiatives telles que les routes de la soie soient perçues comme menaçantes. Ce qui est parfois le cas en Europe. Alors pour convaincre la Chine conjugue son passé pacifique et son présent démonstratif.
La période est favorable pour cette nouvelle étape du rôle de la Chine dans le monde. Dans un monde instable et incertain elle s’affiche stable et prévisible, deux sources de l’autorité en Chine.
Cependant la proposition chinoise devra aussi recevoir le soutien des sociétés civiles. A l’ouest le retour des références au marxisme préoccupent et l’impact du leadership chinois passe aussi en interne par les progrès de la société et du vivre ensemble. Le message chinois est d’autant plus fort quand les risques du retour en arrière sont écartés. De ce point de vue l’appel tous azimuts à l’innovation dans l’économie et dans la société ancre plutôt la Chine dans la modernité.
Dans ce contexte historique pour La Chine, l’Europe a de nombreux atouts pour être le meilleur partenaire. Le plus important est cette position centrale que les routes de la soie donnent à l’Europe, articulation entre L’Eurasie et L’Eurafrique. Encore faut il que l’Europe n’ai pas peur, qu’elle se place en position proactive avec ses projets, ses procédures et ses financements. Une Europe forte est capable de construire un partenariat équilibré avec La Chine, qui a compris qu’elle avait aussi besoin des autres. La France peut être une force pour cette stratégie européenne.
jpr
21 décembre 2017 à 6 h 17 min
La Chine est dans l’obligation de prendre le leadership dans ce monde qui semble retrouver « les méfiances de la guerre froide »
21 décembre 2017 à 6 h 19 min
La Chine sait très bien que l’Europe vacille dans sa folle politique migratoire, ses grands projets pour le monde comme « la Route de la Soie » va la conforter dans son rôle de leader dans le développement, elle a raison de consolider ses valeurs traditionnelles et son socialisme.
21 décembre 2017 à 6 h 20 min
Je comprends votre désir de voir l’Europe jouer un grand rôle auprès de la Chine mais l’Europe que vous voyez n’a pas d’unité, elle est en miettes, aucune vision commune…à part la politique agricole et pour combien de temps encore…
21 décembre 2017 à 6 h 22 min
La Chine sait très bien que l’Europe vacille dans sa folle politique migratoire, ses grands projets pour le monde comme « la Route de la Soie » va la conforter dans son rôle de leader dans le développement, elle a raison de consolider ses valeurs traditionnelles et son socialisme…
21 décembre 2017 à 6 h 37 min
Dans une Europe naïve et incompétente dans sa gestion, les jeunes doivent faire le choix de l’avenir en se tournant vers l’Asie, un continent qui a su sauvegarder ses équilibres, la Chine, la Russie, le Japon, la Corée du Sud, l’Asie du Sud-Est…Un développement en paix…
21 décembre 2017 à 6 h 39 min
Le régime chinois va attirer les entrepreneurs sur tous ses projets, car c’est là où il faudra être…Son régime socialiste confortera la confiance contrairement aux idées reçues…L’avenir verra un grand développement de l’Asie, l’Afrique se rapprochera plus encore de la Chine.
21 décembre 2017 à 7 h 00 min
Bien sûr, l’Europe et surtout la France ont des atouts dans ce monde qui se construit mais la réflexion et la parole doivent se libérer des contraintes des alignements pour se tourner vers le multilatéralisme en évitant les postures conflictuelles #Russie #Syrie #Israël
21 décembre 2017 à 7 h 33 min
Le développement doit se faire dans la paix mais aussi en harmonie en favorisant la naissance ou la confirmation de l’économie sociale dans les pays où elle n’existerait pas… Un « leader pour la paix » doit aussi penser à la paix sociale…