Aujourd’hui, ici, Joël Robuchon est de retour à la maison, dans la capitale de son Poitou, dans ce quartier de la Cathédrale où il est né. Il a aimé cette terre qui continue à l’aimer.
Ce lien de fraternité a été, très tôt, tissé, du temps de ses premières années au Relais à Chasseneuil, du temps où le compagnonnage l’a définitivement nommé : « Poitevin, La fidélité ».
Joël méritait cet hommage, cette cathédrale.
En effet le spirituel l’habitait. « Le petit séminaire » lui avait révélé l’immensité de la personne humaine. La joie des autres était son sujet. Toutes les circonstances étaient des occasions de construire des liens profonds avec ceux qui lui inspiraient confiance.
Ses plus grandes joies étaient le plus souvent les retrouvailles avec ses anciens apprentis, avec ses frères, chefs du monde entier, avec ses camarades du « Club des Cent » avec « ses disciples » ceux qui avaient appris de lui bien plus que des techniques.
Son enseignement était une morale où s’articulaient excellence et simplicité. La perfection s’appliquait à l’objet, la cuisine, mais aussi au sujet, le cuisinier. « L’éthique Robuchon » reste une discipline, dans tous les sens du mot. La rigueur aurait pu apparaître austère s’il ne diffusait autour de lui les saveurs de l’amitié. «On ne peut pas faire de cuisine si on n’aime pas les gens, disait-il »!
Sa force ne connaissait pas l’arrogance. Les plus grands sont souvent les plus humbles. Reconnu dans le Monde entier comme le plus étoilé, vénéré au Japon et partout en Asie, respecté à New-York comme à Las Vegas, Joël n’avait pas la tête aussi large que ses fourneaux, la renommée n’a pas égratigné sa simplicité.
Monsieur Robuchon était plus un leader qu’un patron, un artiste au delà de l’artisan. L’intelligence des doigts pianotait avec celle du cœur. Au cœur, quelques cicatrices, laissées par de rares déceptions humaines, n’affectaient pas une immense générosité.
Fidèle aux traditions, la modernité ne l’effrayait pas. Il respectait les unes et transgressait les codes pour maîtriser l’autre. Premier chef en noir, il signait une de ses grandes idées, les ateliers, en rouge. Il mettait des couleurs dans l’assiette pour en mettre dans la vie. Il était à l’aise dans ce siècle sans frontière. L’humanisme traverse le temps, l’histoire et la géographie.
Son Poitou saura lui rendre hommage. A Montmorillon, il voulait y créer son institut international de formation. Il me confiait encore sont intacte determination dans ses dernières heures.
Avec l’école hôtelière de Lausanne, dont il partageait la culture de l’excellence et avec ses dirigeants pour lesquels il avait créé de profonds liens d’amitié, il avait imaginé les programmes mêlant démarche académique et enseignement d’application. Chaque pièce du puzzle devait être d’une excellence irréprochable.
Des élèves de tous les continents étaient attendus. Arrivés élèves ils seraient repartis disciples. Il s’agissait plus d’un institut que d’une école, plus de disciples que d’élèves, plus de culture que de formation. Son collier de meilleur ouvrier de France éclairait de bleu, blanc rouge la grandeur de ce projet international.
Cette ambition ne peut pas mourrir, le message de Joël Robuchon reste vivant.
Nombreux sont, ici , ses disciples qui veulent et qui sont prêts à s’impliquer pour donner vie à son rêve. Les forces de l’esprit sont plus grandes que la mort.
A sa famille si touchée, à tous ceux qui aimaient Joël, nous exprimons nos sincères condoléances et l’assurance d’une mémoire fidèle.
Jpr
La fondation