Dans le Maine et Loire, visitant une PME, fabricant des masques de protection, Emmanuel Macron a appelé à une » indépendance pleine et entière » de la France. Ce n’est pas la première fois que le Président précise ses vues sur la souveraineté. Recevant à l’Elysée le Board du BOAO Forum, le Davos asiatique, le 15 décembre 2017, il avait tenu, face à des responsables chinois de haut niveau, à exprimer sa pensée sur les échanges sino-francais.
Un commerce en partie double
En résumé, sa réflexion est une vision de notre commerce en partie double. La France, disait-il, ne souhaite pas un libre échange global. Nous voulons protéger notre souveraineté et donc protéger les secteurs qui lui sont nécessaires. Ainsi ajoutait-il, en exemple : » La France veut produire des avions et des voitures, elle doit donc protéger la production d’acier. En revanche pour certains autres secteurs, elle peut s’ouvrir ».
Cela paraît être la bonne piste pour établir « une souveraineté maîtrisée ». Il faut alors commencer par définir « les priorités de souveraineté « . Un débat est ici nécessaire, c’est loin d’être simple.
Évidemment aujourd’hui après avoir découvert notre dépendance au paracetamol chinois, tout le monde va inscrire la santé comme première priorité. Il faudrait aussi protéger l’agroalimentaire,…L’idée selon laquelle la France a laissé partir son industrie est très conventionnelle. Certains pensent que c’est trop tard pour la faire revenir. Pas sûr! En tout état de cause, il n’est pas trop tard pour notre agriculture. Alors quel plan de reconquête mettons nous en place…
Une structure type commissariat au plan modernisée pourrait définir le périmètre de protection de nos approvisionnements.
La coopération internationale s’imposera pour bien d’autres secteurs. Certains Français semblent avoir découvert notre dépendance à la Chine à l’occasion de cette tragique crise comme si nous ignorerions que l’économie chinoise est la première du monde, en parité de pouvoir d’achat depuis …2014. Notons que nous avons beaucoup d’autres dépendances vis à vis par exemple de l’Allemagne.
Un secteur sauvegardé
La vérité évidente est que nous sommes tous interdépendants et que seules des règles multilatérales peuvent injecter de la sécurité et de la justice dans nos échanges.
Dans l’esprit de l’OMC, il faut donc autoriser au niveau multilatéral, une part de » secteur sauvagardé » et une part de » secteur de droit commun ». Dans cette vision d’un commerce multilatéral en partie double on pourrait peut être inventer aussi de nouveaux accords s’inspirant de ceux qui existent dans le secteur de La Défense. En cas de difficulté, un Pays peut être engagé selon ces accords à subvenir au besoin de son partenaire. Exemple : si un pays dépend d’un autre à plus de 50% sur un produit et si il doit affronter une crise, son partenaire s’engage à subvenir à ses besoins quant à ce produit.
USA-Chine : la France parle avec tout le monde
Cette réflexion stratégique est d’autant plus nécessaire que la tension sino-américaine structurera les relations internationales de manière durable. Malgré les conflits entre eux nous devrons coopérer avec les deux. Personne dans l’avenir ne pourra se passer de l’Amérique, ni de la Chine.
La France doit parler à tout le monde. L’équilibre entre les deux est l’occasion de revenir à la vision gaullienne de notre indépendance nationale. Notre coopération doit être équilibrée entre l’Europe, l’Amérique et l’Asie et notre souveraineté doit être clairement identifiée par nos priorités.
Souveraineté et coopération
En effet une chose paraît certaine aujourd’hui, on ne peut choisir entre Souveraineté et Coopération. Les deux sont nécessaires. Tout peuple a, à la fois, besoin d’être nationalement protégé mais doit aussi internationalement coopérer. Par exemple : souveraineté pour l’usage des médicaments, la coopération pour la recherche du nouveau vaccin. Ce ne peut être l’un ou l’autre mais l’un et l’autre : Souveraineté et Coopération, États Unis et Chine.
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