La pandémie est mondiale, son éradication ne sera pas que nationale. Le déconfinement des uns impactera les autres.
Dans la crise, les nations ont repris le dessus versus la coopération internationale. Chacun mène sa guerre pourtant contre le même ennemi. Ce repli collectif conduit à une situation étrange : aucun pays ne semble vouloir assumer le leadership mondial face à la crise. La compétition semble l’emporter sur la coopération.
L’exemple de 2008
En 2008, dans un contexte différent mais avec de grands risques, également, le Président de l’Union Européenne, Nicolas Sarkozy avait pris l’initiative, avec les Présidents américains successifs, d’organiser, avec le G20, une coordination économique mondiale. Trois niveaux de coopération étaient intensément et régulièrement sollicités : les leaders, les institutions financières et les acteurs économiques.
Aujourd’hui nous ne pouvons envisager une sortie de crise exclusivement nationale, tant qu’un continent sera malade, le monde sera malade. Les échanges ne reprendront que partiellement, tant que la pandémie mondiale ne sera pas éradiquée mondialement. La coopération internationale scientifique montre l’exemple, la recherche du vaccin est particulièrement collective. C’est l’exception.
Les États Unis sont dans la logique de « l’America alone ». Ils tiennent à leur place au premier rang, mais ils ne souhaitent plus en assumer les responsabilités.
La Chine et la Russie multiplient les actions de solidarité, hautement visibles, mais dans le cadre de leur diplomatie nationale, donc aussi de leurs intérêts.
Les Chinois mesurent bien que leur système politique pose, mondialement, un problème de confiance et donc ils se font plus discrets sur les grands projets internationaux tels que « Les nouvelles routes de la soie ».
L’Europe a, elle, besoin d’y voir clair sur son propre leadership avant d’envisager l’étape mondiale de son influence. Le couple franco-allemand hésite face à ses responsabilités.
L’exemple de 2008 démontre-t-il que les USA et la Chine ont besoin de l’Europe pour construire un front commun? En tout cas dans sa logique gaullienne la France se doit de parler à tout le monde.
Comment organiser, dans ces conditions, un leadership mondial, partagé, capable de coordonner les différents combats nationaux et de conduire à la victoire mondiale? Dans la guerre, on a besoin d’un État major, dans une guerre mondiale, d’un État major mondial.
L’urgence africaine.
La question du leadership mondial est aujourd’hui quelque peu théorique, mais demain elle va devenir urgente avec la contamination de l’Afrique.
Les crises peuvent y être multiples est lourdement meurtrières. La crise sanitaire sera violente, et derrière, la crise alimentaire pourrait se révéler dévastatrice avant la crise économique. On limite aujourd’hui la production de riz mais on sait qu’un habitant sur deux, sur la planète, se nourrit de riz!
Fait rare, trois organisations internationales, la FAO, l’OMS et l’OMC viennent de nous alerter sur cette tragédie annoncée. Ces difficultés ne seront pas résolues par l’exportation en Afrique des tensions entre américains et chinois, ni par les seules annonces européennes d’un prochain « paquet financier » pour le continent.
Trois pour un.
Seule une coopération Europe, Amérique, Chine peut mobiliser les moyens financiers, humains, militaires, alimentaires et médicaux, nécessaires à l’Afrique. Chacun intervient déjà sur le continent mais pour agir plus et mieux, il nous faut une coordination internationale.
Comme l’a dit récemment le Ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian : » intervenir en Afrique c’est faire acte de solidarité, mais c’est aussi défendre nos intérêts. » On imagine mal en effet une Europe bien portante avec une Afrique malade.
Le Monde attend qu’une conscience se lève. Il est rare de gagner une guerre sans héros ni leaders.
Le monde est en manque de Leadership.
Jpr
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