« Poitevin, la fidélité ». Tel était le nom de Joël Robuchon, quand, compagnon, il poursuivait ses apprentissages comme d’autres poursuivent leurs études. Il portait sa fierté en collier, bleu, blanc, rouge, sur sa veste de « Meilleur ouvrier de France ». La vie était son sujet, il l’observait chez les autres, il la construisait pour lui-même. Sa vison était globale, attentif à la fraîcheur d’un produit comme à celle d’une âme amie.
Le spirituel l’habitait. Toutes les circonstances étaient des occasions de construire des liens profonds avec ceux qui lui inspiraient confiance. Ses plus grandes joies étaient le plus souvent les retrouvailles avec ses anciens apprentis, avec ses frères, chefs du monde entier, avec « ses disciples » ceux qui avaient appris de lui bien plus que des techniques. Son enseignement était une philosophie où s’articulaient excellence et simplicité. L’éthique Robuchon était une discipline, dans tous les sens du mot. La rigueur aurait pu apparaître austère s’il ne créait autour de lui des saveurs d’affectivité. « On ne peut pas faire de cuisine si on n’aime pas les gens », disait-il !
Fidèle, il l’a toujours été, aux siens, à son métier, à son territoire poitevin, à notre Pays. Reconnu dans le Monde entier comme le plus grand, vénéré au Japon et partout en Asie, respecté à New-York comme à Las Vegas, Joël n’avait pas la tête aussi large que ses poêles, la renommée n’a pas égratigné sa simplicité.
Joël était plus un leader qu’un patron, plus un artiste qu’un artisan. L’intelligence des doigts pianotait avec celle du cœur. Au cœur, quelques cicatrices laissées par de rares déceptions humaines, n’affectaient pas une immense générosité.
Fidèle aux traditions, la modernité ne l’effrayait pas. Il respectait les unes et transgressait les codes pour maîtriser l’autre. Premier chef en noir, il signait sa grande innovation, les ateliers en rouge. Il était à l’aise dans ce siècle sans frontières. L’humanisme traverse le temps.
Son Poitou saura lui rendre hommage. Il voulait y créer son institut international de formation. Avec l’école hôtelière de Lausanne, il avait imaginé les programmes mêlant démarche académique et enseignement d’application. Chaque pièce du puzzle devait être d’une excellence irréprochable. Des élèves de tous les continents étaient attendus. Arrivés élèves ils seraient repartis disciples.
Parti trop tôt, ses amis feront vivre fidèlement sa mémoire.
Nous vous rendons hommage parce que nous vous aimons.
Nous avons appris à vous aimer tout au long de ces années, tout au long de votre parcours, de votre Ouest natal à la capitale de notre Est, du Nord Bruxellois au Sud de la Côte d’Azur, dans vos missions et dans vos fonctions, vous qui avez été au Parlement européen « La représentante du plus grand nombre de représentés »
Pour nous tous, vous incarnez cette vertu à la fois romaine et fédérale ,« fides », la foi, la confiance, la fidélité.
C’est d’abord le bonheur de la foi. Cette foi donnée mais aussi voulue. Celle qui vous a animée, aussi, dans votre service de l’enseignement, de l’enseignement catholique. Celle qui a chassé, loin de vous, toute méchanceté. Dans ces combats on a mesuré la puissance de votre volonté mais aussi l’humanité de votre personnalité. Les faits d’aujourd’hui donnent raison à vos engagements de l’époque.
Secrétaire générale de l’enseignement catholique, vous avez eu maintes occasions de croiser, de comprendre voire d’affronter les forces politiques. Docteur en droit et diplômé de Sciences Politiques, vous vous êtes toujours tenue proche de la politique. Les Présidents Lecanuet et Giscard d’Estaing vous ont confié de hautes responsabilités à l’UDF. Vous resterez une femme du Droit et du Centre.
Mais c’est pour l’Europe que vous avez réuni le souffle de votre foi et votre règle de confiance. Confiance dans la nature humaine. Cette confiance que vous inspirez les autres vous l’ont accordée, à de nombreuses reprises au Parlement européen. Vous nous avez dit que c’est « la part la plus inoubliable de votre vie publique ». Vous avez beaucoup appris de votre amitié avec Simone Veil. Dans la famille européenne votre sororité est reconnue. Nous ne pouvons oublier votre fermeté souriante à la présidence de l’assemblée de l’Union.
Notre gratitude est grande pour vos combats, pour votre service de l’Europe mais aussi pour la fierté que vous nous avez donnée dans l’exercice de votre haute fonction. Nous comprenons aujourd’hui votre aptitude à penser l’avenir quand nous nous rappelons vos échanges le 5 avril 2001 avec le Commandant Massoud qui a Strasbourg mettait en garde l’occident face à la montée du terrorisme. Vous aviez lancé l’alerte il y a 17 ans.
« Fides »c’est aussi votre fidélité. A vos racines, à votre famille, de votre père, médecin et poitevin, à vos quatre petits enfants, fidélité à vos idées, à vos amis…Vous avez réussi dans la période récente a conjuguer plusieurs de ces fidélités, à la jeunesse, à l’éducation et à l’Europe notamment en qualité de Professeur à L’ESCPeurope.
Dans vos fonctions ministérielles vous avez su exprimer cette loyauté qui crée à la fois le respect et l’estime. Là encore votre vision d’avenir s’est imposée notamment à l’occasion de la loi sur l’économie numérique. Je me souviens de votre courage, vécu comme la loyauté au devoir, qui à plusieurs reprises vous a valu l’hommage public du Président Chirac.
Dans l’univers politique, à haut niveau, la bienveillance est rarement la règle et les tensions souvent brutales. La sobriété de votre expression, la pudeur de votre cœur, la bienveillance de votre nature vous ont permis de mériter des amitiés sans frontières, ni nationales ni partisanes. Elles restent avec vous.
Chère Nicole, A ton mari, à ta fille Christine, et à tes quatre petits enfants, Romain, Elsa, Alexis et Nolan nous présentons nos condoléances les plus sincères. Mon dernier message est plus personnel : il est des Ministres qui sont l’honneur de leur Premier Ministre. Nicole, Merci.
Par Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre 2003/2005
Journée de solidarité : un effort important demandé aux Français
Jean-Pierre Raffarin, le père de la première journée de solidarité, revient sur les raisons de sa mise en œuvre et estime qu’une seconde journée ne peut être portée que par un État économe.
La journée de solidarité s’inscrivait dans une politique cohérente de prise en compte du vieillissement. L’idée n’était pas neuve, mais cette fois elle était structurante.
En 2003, trois circonstances graves se sont accumulées pour nous placer face à un devoir d’imagination :
l La canicule a révélé le manque d’investissements pour les équipements destinés aux personnes âgées (ex : salles réfrigérées…);
l une nouvelle politique pour l’autonomie avait été lancée mais non financée;
l la situation des personnes handicapées devenait inacceptable.
Face à ses trois difficultés il fallait des moyens financiers très importants. Nos marges de manœuvre étaient très faibles car nous avions 3 engagements de Jacques Chirac à respecter : une politique effective de baisse d’impôt réalisée, une réduction de notre endettement (ce qui fut fait en 2005), la non-pénalisation des entreprises pour faire baisser le chômage.
Cependant l’urgence et la gravité s’imposaient à tous. Nous refusant à augmenter les impôts ou à nous endetter davantage, nous avons imaginé la journée de solidarité. Les autorités catholiques ont vite convenu que le Lundi de Pentecôte n’était pas une fête religieuse mais de nombreux organisateurs de manifestations (corridas, festivals, pèlerinages…) se sont activement opposées à la suppression de ce jour férié. Le dialogue social a finalement arrêté une mesure revenant à la suppression d’un jour de RTT.
Comme les salariés ne devaient pas être les seuls contributeurs, nous avons mobilisé le capital et progressivement tous ceux qui paient l’impôt sur le revenu. Depuis le lancement de cette initiative, plus de 30 milliards d’euros ont été affectés dont les trois-quarts sont produits par la journée de solidarité.
La reprise des investissements dans le secteur a été massive. En 2017 au total plus de 3 milliards ont été ainsi mobilisés. Pour être sûr que cet argent serait bien utilisé nous avions créé La Caisse Nationale de Solidarité pour l’autonomie, contrôlée par la Cour des Comptes.
Une conviction structure cette démarche : c’est le travail qui crée le social. L’initiative crée la richesse qu’elle redistribue.
Peut-on créer une deuxième journée de solidarité ? C’est un effort important qui serait demandé aux Français. Il ne faut pas le sous-estimer. Et, seul, un impératif national proposé par un État économe pourrait rendre la mesure supportable. Prendre en compte l’inéluctable vieillissement de nos sociétés s’imposera, certainement comme un impératif national.
Bienvenue aux personnalités qui ont accepté de rejoindre cette nouvelle ONG et de participer personnellement à notre première conférence annuelle. Nous remercions le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de nous accueillir pour nos travaux dans « La Galerie de la Paix» ou en 1928 la guerre a été prohibée comme moyen de règlements des conflits. Nous sommes tous originaires d’un Pays différent mais nous avons tous le même diagnostic sur la dangerosité du Monde et chacun de nous est très attaché au dialogue, y compris le dialogue au cœur des crises, le vrai dialogue. Nous sommes conscients qu’aujourd’hui un travail pour la Paix est nécessaire. La Paix n’émerge pas sans effort. Nous sommes prêts à cet effort, ensemble. Les personnalités rassemblées ont toutes une grande expérience des relations internationales et des opinions publiques. Ce sera utile car li nous faudra, ensemble et penser, et parler.
La Paix que nous voulons « travailler » n’est ni celle de la résignation de Munich ni celle de l’idéalisme du pacifisme. Nous croyons à la paix construite par l’effort, l’effort de paix.
Pour être plus opérationnel nous avons choisi trois applications concrètes pour nos réflexions: l’instabilité dans la zone tuniso-libyenne, la frontière americano-mexicaine et la criminalité au Mexique, les prévisibles dérèglements climatiques en Asie.
Nos échanges enrichiront notre rapport annuel proposé cette année par l’Ambassadeur Pierre Vimont que je remercie très sincèrement de la haute qualité de son travail.
Chaque année nous renouvèlerons cette conférence ,qui prendra de la puissance, nous effectuerons 2 ou 3 missions dans des Pays que nous choisirons ensemble,nous y dialoguerons avec des jeunes et nous rencontrerons les dirigeants.
Nous savons que de nombreuses organisations travaillent sur ce sujet de la paix, nous nous en réjouissons, notre singularité est la composition multilatérale d’un groupe de personnalités disposant déjà d’un rayonnement international.
LA SITUATION INTERNATIONALE SE DÉGRADE
- Le terrorisme développe une violence sans frontière dont personne est à l’abri. Des efforts sont fait, partout dans le monde, pour la lutte contre le terrorisme, notamment dans le domaine du renseignement. Pourtant les racines du mal restent très vivaces et de nombreuses situations favorisent la diffusion de l’extrême violence et propage le mal.
- Le retour de grandes nations sur le devant de la scène mondiale s’accompagne d’une recrudescence de décisions unilatérales ce qui fragilise les processus et les institutions multilatérales. Notre rapport annuel 2018 propose une recherche pour « un nouveau multilatéralisme »
- La prise de consciences de menaces nouvelles (réchauffement climatique, migrations, radicalisme «religieux », violences urbaines,…) contribue au développement de l’insécurité. Dans ce contexte la peur et la colère se substituent à l’audace et à l’action.
L’IMPUISSANCE POLITIQUE DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE INQUIÈTE.
- De nombreuses crises semblent s’enliser sans qu’on aperçoive une éventuelle sortie de crises. Les interventions militaires sans programmation de suivi politique transforment souvent des victoires en échec. Les crises émergentes sont peu anticipées. Le Conseil de sécurité de l’ONU et « la communauté internationale sont accusés d’impuissance.
- La boîte à outils diplomatiques semblent parfois obsolète. Les communiqués sont stériles, comme beaucoup de « groupes de contact ». Des initiatives telles que les sanctions apparaissent souvent comme improductives voire contraire aux intérêts de ceux qui les mettent en place.
- Ainsi la guerre qui semblait impossible à la génération née au lendemain de la II eme guerre mondiale est aujourd’hui une hypothèse souvent envisagée. Les leçons du passé semblent oubliées. On assiste même à une banalisation de la guerre. On fait la guerre contre tout,contre le chômage, l’insécurité routière, et même la violence,…Le tragique de la guerre, les logiques de déconstruction, la déshumanisation de la société…,tout cela semble oublié
LE PROJET DE « LEADERS POUR LA PAIX »
- Innover pour « l’esprit de paix ». On mesure partout ce que coûtent les efforts de guerre, mais que fait- on pour la Paix? Nous pensons qu’un travail sur et pour la Paix est nécessaire. Il y a partout des écoles de guerre, on pourrait aussi développer des Universités de La Paix. Une science de la paix est à inventer. Dans ce domaine aussi le temps de l’innovation est venu.
- Developer une pédagogie des crises, notamment émergentes. La mobilisation des gouvernements est souvent fonction de l’implication des citoyens. La conscience de la guerre est un préalable à la mobilisation pour la Paix.Une crise incomprise est souvent une crise oubliée. Nous pensons qu’une pédagogie a impact populaire contribuera à réveiller la conscience des citoyens et à combattre l’indifférence.
- Exercer l’influence de « Leaders pour la Paix » auprès des responsables politiques au niveau des exécutifs. Notre rapport annuel rédigé par un spécialiste incontestable enrichi des propositions de chacun des leaders sera remis directement à plusieurs chefs d’Etat concernés par nos analyses grâce à l’influence de nos leaders nos prolongerons les débats avec ceux que nous voulons sensibiliser à nos travaux.
Leaders pour la Paix se donne alors la vocation de « combattre la guerre » par la pédagogie des crises, par l’émergence d’idées neuves, et par l’expérience collective que nous chercherons à transformer en influence auprès des décideurs.
Le désordre mondial exige de nouvelles initiatives.
Ma première remarque est que toute banalisation du mot guerre est dangereuse. L’usage courant du mot cache l’horreur singulière du fait. Le mot se répète. Guerre contre le chômage, contre les excès de vitesse,… »Le foot, c’est la guerre » disait David Luiz, en effet la violence rode dans les stades, mais la guerre est la deconstruction au delà de la violence. Chassons le mot, cela nous aidera peut-être à éloigner la bêtise.
Sur le plan économique « la guerre » entre les États Unis et la Chine est impossible. On ne fait pas « la guerre » à son banquier. Aujourd’hui c’est l’épargne du Chinois qui finance le déficit de l’américain. De nombreuses entreprises sont devenues sino-americaines et réciproquement, à la fois concurrentes et clientes sur de nombreux pmarchés. Certes les représailles sont possibles mais elles ne seront jamais unilatérales et ne peuvent se prolonger que par l’escalade des sanctions. Les marchés tiers seront affectés par les excédents capacitaires libérés. Les consommateurs, de part et d’autre, sont aussi pris en otages.
Soit les rapports de forces sont tels que l’on signe l’armistice, soit inéluctablement il faudra poursuivre le conflit « par d’autres moyens ». Ainsi dans » guerre économique « , économique n’est qu’un qualificatif.
Dans ce type de dérive en fait il n’y a qu’une issue heureuse. Celle qu’ Emmanuel Macron a fait valoir à Xi Jinping et Donald Trump : le dialogue, en l’espèce, dans un contexte multilatéral.
D’une part parce que les économies sont mondialement imbriquées mais aussi parce que le tète à tête, neutralise plus qu’il ne fertilise; le dialogue multilatéral est la méthode positive.
Le multilateralisme ne se substitue pas au dialogue direct mais en ajoutant des acteurs et en élargissant les sujets il fait émerger des solutions.
La Chine, qui affirme son attachement au multilateralisme en soutenant l’ONU dont par exemple les opérations de maintien de la paix, mais aussi l’UNESCO et l’OMC, peut accepter un dialogue stratégique notamment au G20.
Les États Unis, qui restent « l’ Hyperpuissance » peuvent s’épuiser dans une série de face à face bilatéraux où, sous l’impulsion de l’imprévisible Monsieur Trump, ils vont apparaître comme le diable même aux yeux de ceux qu’ils disent vouloir épargner.
Le dialogue en général, le multilateralisme en particulier, sont les voies les mieux adaptées pour que les tensions commerciales, au fond assez naturelles, ne dérivent pas en pressions militaires, au fond synonyme d’échec.
Le Monde est d’une extrême dangerosité, les crises régionales se multiplient, les ambitions des grandes puissances s’expriment par des pulsions nationalistes, la fièvre monte….
Plus que jamais il faut bâtir les ponts du dialogue sinon l’histoire nous reproposera ses demons.
- Pour La France, la fierté retrouvée.
- Pour Emmanuel Macron, le Leadership européen.
- Pour Jacques Chirac, la fidèle affection des Françaises et des Français.
- Pour V. Giscard d’Estaing, « la Démocratie Française » à nouveau « en marche ».
- Pour Nicolas Sarkozy, la reconnaissance de son travail par ses ministres.
- Pour Francois Hollande: les circonstances atténuantes pour le meurtre du PS.
- Pour Édouard Philippe, une seule rive gauche…celle de Bordeaux.
- Pour Laurent Wauquiez: une parka bleue tendre.
- Pour Nicolas Hulot: un CDI au gouvernement.
- Pour Ségolène Royal, le droit de vote pour les Pingouins.
- Pour François Bayrou, plus de Pau en politique.
- Pour Jean-Michel Blanquer, 10 ans à l’Educ.!
- Pour Xi Jinping, une route de la soie climato-compatible.
- Pour Donald Trump, une vision de soi humano-compatible.
- Pour Gérard Larcher, la solution de l’équation: moins de Sénateurs pour plus de Sénat.
- Pour Valérie Pecresse, la stratégie centrale contre la dérive périphérique.
- Pour Michel Barnier et le BREXIT, des livres (£) pour une nouvelle page.
- Pour Jean-Luc Mélenchon, la soumission…à l’humour.
- Pour Vladimir Poutine, une Europe plus européenne.
- Pour Jean-Yves Le Drian, après La Guerre, La Paix.
- Pour Olivier Chartier, que l’Aquitaine ne perde pas le nord.
- Pour Christophe Castaner, transformer à L’Assemblée sa nuée en essaim.
- Pour Bruno Belin, le département en tête du « running » des collectivités.
- Pour Alain Fouché et Yves Bouloux, l’union des Sénateurs pour La Vienne.
- Pour Joel Robuchon, des étoiles à Montmorillon.
- Pour la Paix, une nouvelle ONG, « Les Leaders pour La Paix ».
La Chine sort de sa préférence pour la discrétion en se décidant à assumer un certain leadership.
Cette lecture apparaît clairement avec la dimension internationale donnée cet automne au XIXe congrès du Parti Communiste Chinois et aux événements internationaux récemment organisés à Pékin tel que le « Dialogue de Haut Niveau » mené avec 200 partis politiques du monde entier ».
Très longtemps la Chine a développé une politique du « profil bas ». Il y aura 40 ans l’année prochaine, Deng Xiaping fixait les lignes d’avenir de l’émergence pacifique chinoise. « La réforme et l’ouverture » furent les deux priorités qui ont permis à la Chine de revenir aux premiers rangs des nations du Monde. Pendant cette période, la Chine a d’abord choisi une attitude d’humilité et de discrétion, recherchant les échanges « pour apprendre » auprès de ses partenaires.
Puis, la pensée paradoxale du ying et du yang aidant, elle tempérait ses succès par des déclarations prudentes, affichant la croissance de son PIB quand elle se voulait forte, présentant son PIB par habitant quand elle collait au peloton des émergents.
Mais depuis 5 ans, les succès, les résultats, la puissance et les initiatives que les autres perçoivent parfois comme des menaces, ne peuvent plus être discrets.
La Chine est devenue lisible et visible.
La stratégie du « mine de rien » arrive à épuisement. Il faut donc maintenant assumer. Alors la Chine organise le G20 a Hangzhou, poursuit sa carrière olympique, soutient financièrement l’ONU, participe à des opérations de maintien de la Paix, construit avec les BRICS des réseaux de solidarité, plaide la diversité à l’UNESCO, sort de son habituelle réserve quand elle décide de parler simultanément à l’IRAN et à L’ARABIE SAOUDITE, elle va même jusqu’à élever le ton vis à vis des prétentions et des provocations de la Corée du Nord….
Tous ses exemples montrent le retour de la Chine au premier plan de la politique mondiale. Dans ce contexte, continuer à jouer les second rôles n’est plus de mise. Quand le monde dépend de votre croissance, quand la chasse à vos investissements est engagée, quand vos entreprises deviennent des leaders mondiaux, quand vous prenez une place majeure en matière d’innovation, le silence n’est plus un discours.
Il vous faut assumer, c’est à dire parler.
Le sommet que vient d’organiser le Parti Communiste Chinois (PCC) à Pékin, avec 200 partis politiques et Think tanks est révélateur de cette volonté qu’a la Chine d’assumer aujourd’hui ce qu’elle est devenue, mais aussi de prendre ses responsabilités, quant à son leadership et à la nature de son identité.
Quatre axes prioritaires me semblent avoir été retenus pour structurer ce leadership :
- La Vision: la Communauté de destin
La Chine propose au monde, un horizon. En développant le thème de la communauté de destin de l’humanité, la Chine s’affirme pacifique et choisit le multilatéralisme pour promouvoir la Paix. La Paix est la condition préalable à une saine coopération internationale. Le Président Xi insiste sur la nécessaire solidarité planétaire: « Le Monde est notre famille, la terre notre foyer ». Les accords de Paris sont en bonne place dans cette stratégie. Le lien structurant entre Paix et Développement est répété.
- Le Projet : les nouvelles routes de la soie
Il s’agit d’un projet pour le siècle. Projet chinois pour la Chine, pour l’Asie c’est aussi un projet pour l’émergence du continent Euroasiatique. Au total ce projet se veut « offert » au Monde. Au sommet des partis politiques de Pékin, l’Amérique latine et l’Afrique se sont montrées activement candidates à l’aventure. Les outils sont prêts, Banque Asiatique pour les Infrastructures et les Investissements (BAII), Silk Road Fund (SRF) avec ses 55 milliards de $ à investir. La Chine met les moyens pour que des projets concrets structurent l’ambition collective de coopération internationale.
- L’idéologie : le retour du socialisme
Toute cette mobilisation internationale ne peut se développer sans être portée par une identité politique. La Chine annonce qu’elle ne souhaite « ni importer ni exporter de modèle politique », elle tient alors à bien définir son modèle « le socialisme à caractéristiques chinoises ». La référence au Marxisme -Léninisme est claire et le leadership du Parti communiste en est la caractéristique essentielle. Ce retour à l’idéologie sonne bien à l’oreille de nombreux militants politiques d’Amérique du Sud mais aussi d’Afrique. La Chine entend affirmer aussi son leadership en matière de pensée politique par exemple en organisant en 2018 deux grandes conférences internationales, l’une sur la Philosophie et l’autre sur le marxisme. Ceux qui voyaient la Chine évoluer à l’occidental ont, à ce jour, perdu leur pari.
- La diplomatie : l’offensive pédagogique
La communication sur le nouveau leadership chinois s’accompagne d’une action diplomatique de grande ampleur. Toutes les institutions internationales chinoises participent à un travail d’explication sur les résultats du XIXe congrès. La diffusion du second tome du livre de Xi Jinping participe à ce travail pédagogique que les Chinois jugent indispensable. Ce travail d’explication, noir sur blanc, est une initiative rare parmi les chefs d’état. Le PCC accueillera 15 000 stagiaires pour qu’ils voient concrètement la mise en place des décisions du congrès. La Chine propose mais elle veut être comprise, elle souhaite que sa sincérité soit reconnue. Elle veut démontrer que ces efforts sont utiles pour tous. Elle est toujours attentive à son image et ne souhaite pas que ses initiatives telles que les routes de la soie soient perçues comme menaçantes. Ce qui est parfois le cas en Europe. Alors pour convaincre la Chine conjugue son passé pacifique et son présent démonstratif.
La période est favorable pour cette nouvelle étape du rôle de la Chine dans le monde. Dans un monde instable et incertain elle s’affiche stable et prévisible, deux sources de l’autorité en Chine.
Cependant la proposition chinoise devra aussi recevoir le soutien des sociétés civiles. A l’ouest le retour des références au marxisme préoccupent et l’impact du leadership chinois passe aussi en interne par les progrès de la société et du vivre ensemble. Le message chinois est d’autant plus fort quand les risques du retour en arrière sont écartés. De ce point de vue l’appel tous azimuts à l’innovation dans l’économie et dans la société ancre plutôt la Chine dans la modernité.
Dans ce contexte historique pour La Chine, l’Europe a de nombreux atouts pour être le meilleur partenaire. Le plus important est cette position centrale que les routes de la soie donnent à l’Europe, articulation entre L’Eurasie et L’Eurafrique. Encore faut il que l’Europe n’ai pas peur, qu’elle se place en position proactive avec ses projets, ses procédures et ses financements. Une Europe forte est capable de construire un partenariat équilibré avec La Chine, qui a compris qu’elle avait aussi besoin des autres. La France peut être une force pour cette stratégie européenne.
Ce matin on a tous en nous quelque chose qui meurt. La cicatrice traverse trois générations. La mienne, celle qui était en fraternité avec Johnny parce qu’il a accompagné toute notre vie et notamment la plus belle part, celle de la jeunesse. La génération de nos parents à la quelle nous l’avons fait aimer, à celle de nos enfants qui ont appris sa musique avant leur parole.
Johnny nous comprenait si bien: « tes tendres années », »génération perdue »annonciatrice de 68, »Oh Marie », « sang pour sang », « rester vivant »… Johnny distribuait de la vie. Son souffle était celui de l’énergie. Sa force n’était pas celle des discours et pourtant il entrait en communication avec tous ses mots, tous ses gestes, tous nos codes (« maintenant je voudrais vous parler d’une fille »…).
Sa générosité lui permettait tout. Il est en nous. Il ne partira que quand nous partirons.
Il a incarné la vie, l’amour unique réponse au « noir c’est noir »
Le contraste entre La Chine et les États Unis est, cet automne, particulièrement criant. Le XIXe congrès du PCC s’est déroulé de manière très prévisible alors que jour après jour Donald Trump s’affiche de plus en plus imprévisible. Zhongnanhai, le lieu du pouvoir chinois, est plus « lisible » que la Maison Blanche.
« La gouvernance de La Chine »
L’essentiel de la partition exécutée à Pekin, au grand rendez-vous du Parti Communiste Chinois (PCC) était écrit, noir sur blanc, dans le livre de Xi Jinping publié dans le monde entier en 2015 : « La gouvernance de la Chine ». Deja on pouvait lire: » le parti se charge de la difficile tâche historique d’unir et de diriger le peuple ». L’encrage « socialiste » était clair.
La pensée du leader reconnue par les 2287 délégués comme élément de l’idéologie nationale, « l’ère nouvelle » (36 fois citée dans le discours de Pekin), y est pour l’essentiel décrite avec précision : le rêve chinois, le rôle dominant du Parti, le socialisme aux caractéristiques chinoises, les objectifs du double centenaire, la gouvernance par la loi, la lutte contre la corruption (1,3 millions de fonctionnaires punis depuis le lancement de cette lutte), le contrôle de l’armée, l’économie ouverte et maîtrisée ( Xi ne manque pas de lucidité: « le problème principal est de gérer correctement les relations entre le Parti et le marché » )…tous ces thèmes ont été savamment rodés.
A l’occasion de ce congrès « historique » on a vu s’exprimer en Occident de nombreuses craintes et quelques réserves quant aux « perpectives brillantes de la renaissance chinoise ». De nouvelles inquiétudes sont apparues sur l’évolution du régime. On s’est beaucoup focalisé sur les intentions cachées de Xi Jinping notamment sur sa longévité au pouvoir. On s’intéresse moins au goût du long terme de la société chinoise, se fixant des objectifs à trente ans quand les démocraties se soumettent au court terme. Il y a beaucoup d’incertitudes quant à l’avenir chinois, cependant, une chose est certaine, la Chine est l’un des pays les plus prévisibles au monde.
Trois informations essentielles ont été formulées au XIXe congrès: La Chine restera socialiste, l’économie chinoise aura pour moteur l’innovation et le leadership chinois pèsera pour la coopération internationale.
La Chine restera socialiste
Ceux qui voyaient la Chine évoluer à l’occidentale se sont trompés. La Chine est et restera socialiste avec une idéologie dominante, un parti dirigeant le peuple, et un leadership renforcé du chef. » On ne peut absolument pas abandonner le marxisme-léniniste », ce thème est constant chez Xi Jinping. Le socialisme à la chinoise est placé sous l’impulsion du leader qui a défini l’idéologie, les grands objectifs et les échéances. Le Parti est l’administrateur du système. Il régule la société.
L’économie restera ouverte
L’économie chinoise assume son rôle de moteur mondial. A l’intérieur, le cap est mis sur l’innovation, une croissance plus qualitative, le contrôle des secteurs stratégiques et la coopération internationale à partir de ses initiatives. A l’extérieur les investissements de qualité sont privilégiés,pour cela les sorties de capitaux sont contrôlées. « L’économie chinoise ne va pas fermer ses portes au monde mais au contraire s’ouvrir davantage », c’est la priorité donnée à l’innovation, à la recherche er a l’intelligence ajoutée qui favorise cette ouverture. Ce message a été répété à plusieurs reprises par le Président Xi. L’ambition chinoise n’est pas aujourd’hui la suprématie mais la reconnaissance de son rôle et progressivement de son leadership.
De l’émergence au leadership
La diplomatie chinoise elle aussi vise le premier rang dans ses domaines prioritaires: le multilateralisme et le soutien aux organisations internationales, la coopération à l’intérieur du grand projet des routes de la soie, l’internationalisation de sa monnaie et les partenariats dans les Pays tiers. La « Belt and Road Initiative » donnera à l’Eurasie la place centrale. Xi Jinping s’est donné les moyens , au cours de ce XIXe congrès mais aussi par son action internationale, d’incarner le leadership chinois. Avec lui la Chine passe progressivement de l’émergence au leadership.
Quelles leçons à tirer pour l’Europe?
Pour l’Europe le dialogue stratégique avec la Chine est incontournable. L’économie et la politique se rejoignent pour l’imposer.
-Pour une stratégie partagée quant aux investissements,
-pour un commerce mieux équilibré,
-pour un engagement plus déterminé dans le projet des routes de la soie,
-pour une meilleure réciprocité des politiques publiques,
-pour la recherche d’une politique commune de coopération internationale,
l’Europe doit être plus réactive, moins frileuse et plus confiante dans ses propres forces
La Paix
Au total contrairement à « l’hyperpuissance américaine » le « leadership chinois » joue le long terme ce qui lui évite les chemins de la brutalité. La conscience du temps adoucit les méthodes.. À la chinoise le leadership est d’abord stratégique. La force du chef est d’incarner une stratégie. En échos anticipé, Edgar Morin disait « quant l’immédiat dévore, l’esprit dérive ».
Dans notre monde si dangereux, peut être en « dérive », la guerre menace le rêve. Dans ce contexte, la grande promesse du leadership à la chinoise, c’est l’équilibre, l’harmonie, c’est à dire pour nous, La Paix.
Le traditionnel Forum de La Fondation pour la Prospective et l’Innovation (FPI), au Futuroscope, se tiendra cette année le 25 août. De grands experts y débattront du rôle de l’Europe dans la dialectique sino-americaine qui participe à la structuration du Monde.
Chine-USA, la dynamique devient complexe.
Nous quittons les traditionnels rapports de force fondés sur la puissance notamment sur les réserves, le commerce, la croissance, les investissements, la monnaie,..et bien sûr la défense. Les interactions deviennent des systèmes de haute complexité. Le client est aussi le fournisseur, l’allié peut être adversaire, le banquier le concurrent, États, Entreprises, ONG ont des influences entremêlées, les amis de mes ennemis peuvent être mes amis…
Les alliances se morcellent et se déplacent à grande vitesse.
La Russie a trouvé en Chine de la compréhension quand le monde occidental a voulu l’isoler après l’annexion de La Crimée. Le Président Poutine a repris assidûment le chemin de la place Tian’anmen.
L’Inde et la Chine, malgré le haut degré de rivalités asiatiques, coopèrent au sein de l’alliance des BRICS.
Les américains ont laissé à la Russie la possibilité de prendre d’importantes initiatives au Levant. L’Occident prenait ainsi des sanctions relatives au dossier ukrainien contre un des ses partenaires actif sur un autre dossier, la lutte contre le terrorisme islamique. Le nouveau Président américain a ajouté le pire en matière diplomatique: l’imprévisibilité.
Simultanément la Russie s’est crispée quant aux sanctions politiques américaines, et la Chine s’est émue des menaces de sanctions commerciales annoncées par Washington.
La Chine n’a pas laissé le terrain libre pour les autres puissances, Xi Jinping a multiplié les initiatives diplomatiques telles que des visites en Arabie saoudite et en Iran au cours du même voyage. Pour les Chinois le discours général de Paix n’est pas incompatible avec la pression en Mer de Chine. Le projet « One Belt, one Road », »OBOR », projet des routes de la soie a conféré à la Chine une position stratégique et fédératrice qui la place en dialogue avec tous. La Chine formule sa promesse mondiale; elle parie toujours sur la sagesse du mouvement, de l’initiative.
Seul la Corée du Nord reste dans une dialectique frontale et manichéenne face à l’Amérique. En termes d’aptitude au dialogue les deux protagonistes de cette tension semblent aussi doués l’un que l’autre, ce qui ajoute de la dangerosité à la situation. Et même si Chine et Russie ont bien conscience des risques de la situation, il ne leur ai pas aisé d’être sur ce dossier les avocats de Trump. Par sa « diplomatie », le Président Trump place son homologue chinois dans un rôle de sage, appelant à l’apaisement. Pour être efficace le dialogue sino-américain devra être plus profond.
La complexité des systèmes entre le « Trio de tête » de la compétition mondiale (Chine, USA, Russie) est telle que la probabilité qu’un équilibre soit possible entre les 3 leaders est forte. Le danger peut surtout venir d’un déséquilibre impliquant l’une ou plusieurs des puissances de second rang, prétendantes au premier (Turquie, Iran, Corée du Nord, Arabie Saoudite,…).
Nous sommes ainsi dans un imbroglio dans lequel L’Europe est à la fois concernée et impuissante.
La France devrait maintenant montrer un chemin à ses partenaires pour sortir l’Europe de son silence, de sa fragilité. Pour cela l’Europe doit affirmer avec vigueur ses fondamentaux:
- Avec la Russie, l’essentiel est la reprise du dialogue sur la sécurité en Europe. A l’est de l’Europe les pronostics sont sombres. L’Europe doit être plus européenne sur le sujet. La France a eu raison de relancer le dialogue avec la Russie.
- Avec la Chine nous devons promouvoir notre « valeur » commune, le multilateralisme, et répondre positivement au projet « OBOR » en défendant la coopération et la réciprocité. À ce jour, l’Europe ne prend pas suffisamment au sérieux les nouvelles routes de la soie. Il s’agit pourtant de l’émergence de l’Eurasie. La visite en Chine du Président français au lendemain du grand congrès du PCC à l’automne prochain pourrait être particulièrement pertinente.
- Avec les USA, qu’il ne faut pas réduire à la Maison Blanche malgré les difficultés institutionnelles, nous devons défendre la démocratie et ses messages universels et planétaires. La conscience de la planète est sans doute la moins mauvaise des forces de rassemblement. Soyons lucides : « Le siècle américain n’est pas fini ».
- l’Europe qui fut la grande innovation politique du XX siècle, et respectée comme telle, doit se refonder pour rester un catalyseur de Paix et de développement dans le Monde. Le Brexit lui offre un sursaut de conscience. Les populismes un sursaut de combativité. Elle devra davantage s’ouvrir sur ses deux grandes ailes, l’Eurafrique et l’Eurasie.
Ces lignes d’avenir pourront peut être nous éviter le grand affrontement que nourrissent les nationalismes épris de puissance.
La Chine et sa conscience de Paix, l’Europe et sa substance de Paix sont aujourd’hui indispensables à l’équilibre du Monde.
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